Nuits de Fourvière – Arctic Monkeys – Live Report

“You look like you’ve been for breakfast at the heartbreak hotel
And sat in the back booth by the pamphlets and the literature on how to lose.
Your waitress was miserable and so was your food.
If you’re gonna try and walk on water make sure you wear your comfortable shoes.” Alex Turner – Piledriver Waltz

Dans une précédente interview réalisée pour la promotion du 6e album studio des Monkeys, Alex Turner s’étend sur la signification du titre de ce nouvel opus et confirme qu’il apprécie l’idée d’associer ses enregistrements favoris à un lieu que l’on peut visiter. Tranquility Base Hotel & Casino situe l’ensemble de l’oeuvre dans un cadre original dont l’image glacée rappelle les longs couloirs d’un grand hôtel hanté, et dont l’esthétique renvoie en flash des souvenirs de l’univers de Shining de Stanley Kubrick, ou bien encore du Cercle Rouge de Jean Pierre Melville.

C’est dans ce monde qui mélange astucieusement la science-fiction des années 70, à une littérature similaire aux polars de l’époque, qu’Alex Turner invite le public du Grand Théâtre.

Le rock des Arctic Monkeys vogue nonchalamment sur les vagues d’une soul funkadelique, comme l’illustre si bien la playlist du groupe jouée pendant l’entracte en attendant sa venue sur la scène. La playlist comprend des extraits comme Nights Over Tunisia.

A leur arrivée, les premières lumières de l’hôtel Monkeys clignottent et illuminent le complexe. La scénographie est parfaitement dessinée à l’image de la pochette du nouvel album dont le premier single, Four Out Of Five inaugure ce concert.

Les 6 titres qui suivent séduisent et ravivent la flamme des premiers fans du groupe, tombés d’amour fou pour la fougue du batteur, Matt Helders, surnommé, The Agile Beast, sur l’emblématique Brianstorm et The View From The Afternoon. Pour appuyer l’effet nostalgique, au moment de jouer ce morceau extrait de leur premier LP à succès, il y a 12 ans déjà, la formation variant entre 8 et 9 musiciens, se réduit au noyau des 4 musiciens initiaux.

Le show continue avec le riff distinctif de Teddy Picker, le solo de guitare signature de Crying Lightning, le refrain yeah-yeah de Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair, jusqu’au frisson immanquable de l’impérissable 505.

Tout y est pour faire de ce concert un spectacle exceptionnel.

La force d’interprétation de Turner se fait ressentir de plus en plus tout au long du set. Que ce soit au micro, à la guitare ou au piano, le poète pense chaque mot chanté sans en trahir l’émotion, fidèle à son personnage.

Petit à petit, il nous amène dans son monde, le monde qu’il a façonné ces dernières années pour l’écriture de cet album si différent des autres… ou plutôt le monde qui l’a toujours fasciné depuis ses débuts.

C’est ainsi qu’il poursuit avec The Ultracheese. A l’écoute du titre, on s’imagine l’atmosphère lounge dans laquelle baignerait l’auteur Turner, assis, le regard hagard et les pensées égarées dans un nuage de fumée expiré du bout des lèvres.

L’arrivée du piano dans ses compositions permet cette direction artistique. En observant l’évolution du groupe, Turner a toujours eu le goût pour cette soul, ce lyrisme et ces quelques allures blues.

A l’époque de My Favorite Worst Nightmare déjà, le groupe se plaisait à interpréter des ballades romantiques avec Baby I’m Yours (écrite par Van McCoy), et dont la couleur musicale n’avait absolument rien à voir avec le parti pris de l’époque.

Ainsi, pendant le concert, le groupe navigue en toute tranquillité dans le calme de cette atmosphère. Do Me A Favour succède à The Ultracheese. Le morceau a toujours été l’instant de douceur à apprécier au milieu du concert. Ceci dit, en cohérence avec leur nouvelle direction musicale, et leur nouveau degré d’interprétation, le titre est joué sur un tempo légèrement plus ralenti, sans pour autant perdre en intensité. Cet effort de suggestivité est admirable, et se rend au service du texte.

Do Me A Favour, Do I Wanna Know? R U Mine?… autant de titres qui émulent les foules, en particulier le Do I Wanna Know qui a suscité une standing ovation dès les premières notes jouées. Un point commun réside entre chacune de ces tracks : elles impliquent toutes un interlocuteur. Souvent les paroles de Turner prennent la forme de conversations passionnelles. C’est encore le cas avec Cornerstone, dont le thème joué en live rappelle immédiatement la vidéo officielle pour ce single de 2009.

Autrefois cette mise en scène était pensée ironique de la part du leader du groupe, éternel incompris. Cependant, en additionnant ses travaux effectués pour The Last Shadow Puppets en 2008 et en 2016 (Miracle Aligner), en solo pour la bande originale de Submarine et pour son nouvel album, il est plaisant de constater qu’Alex Turner ose enfin peindre un monde pour la première fois entièrement assumé.

L’âme des (Arctic) Monkeys demeure pour autant. Preuve en est avec la reprise de I Bet You Look Good On The Dancefloor et Arabella.

L’ADN du groupe associe l’art de la poésie et de la description d’Alex Turner avec une signature rythmique capable de faire voyager 50 ans en arrière dans le temps, en l’espace d’un riff de guitare gratté à la vitesse de l’éclair. Le concert de cette nuit passée à Fourvière a su fidèlement refléter cette identité.

arctic monkeys live Sounds So Beautiful

Enfin, le retour de Cameron Avery sur la scène, après avoir assuré la première partie du show, annonce un nouveau titre des Monkeys dans lequel Matt Helders fait sentir sa présence à la batterie : She Looks Like Fun.

Alors qu’il s’agissait de la dernière date de tournée pour Cameron Avery, le morceau s’achève dans un geste de fraternité, Avery et Turner se quittent dans une embrassade sincère.

arctic monkeys 2018 live Sounds So Beautiful

Pour conclure, ce fut une nuit parfaite, un set équilibré et intelligemment joué, avec un son et un jeu de lumière propres, tous au service de l’expérience de ce sixième album.

Crédits Photographies : Paul Bourdrel

Marcus Gon

Rédacteur en chef de Sounds So Beautiful, et auteur de l’œuvre Poetically Yours. ,Storytelling, ou l'art de conter une histoire, l'effort de véhiculer un message, l'exploit de communiquer une émotion, ou bien encore le miracle d'inspirer et d'influencer. Sounds So Beautiful, founded by writer and musician Marcus Gon, is the international media, specialized in the music industry, working closely with advertisers and public relations, and allowing emerging artists to develop their career. Poetically yours

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