Sampling Is Beautiful raconte l’histoire du hip-hop new-yorkais
La culture hip-hop est indissociable de New York. Sa richesse est telle que le Sampling (ou « échantillonnage sonore ») fait partie de son ADN. Ce procédé consiste à sélectionner de très courts extraits de chansons déjà existantes afin de les réutiliser pour créer une nouvelle composition musicale.
Sampling Is Beautiful, concept vidéo et scénique autour du Sample, a conçu des épisodes originaux pour valoriser cette technique. L’expérience audiovisuelle a débuté en 2017, à l’occasion du festival Jazz à Vienne. Depuis, le DJ et producteur Zajazza et son équipe ont réalisé plusieurs émissions, comme au théâtre des Célestins de Lyon, où un chocolatier a créé une tablette originale, en harmonie avec une musique particulière.
Ces rendez-vous sont l’occasion de sensibiliser au Sampling. Il s’agit avant tout d’une œuvre d’art et d’une forme d’héritage, et non d’une copie.
Ce lundi 14 décembre, Sampling Is Beautiful a dédié son premier épisode long format à l’histoire des cinq éléments du hip-hop : l’art oral (avec le rap), le DJing (les techniques utilisées par les DJs), l’art visuel (graffiti), l’art physique (avec la danse et le breakdance), et enfin la sagesse et l’héritage historique qui découlent de ce mouvement.
En plein cœur new-yorkais, Zajazza et le vidéaste Paul Bourdrel se sont donné une mission : sampler la Grosse Pomme en une semaine ! Nous les suivons ainsi, au détour de quelques notes de jazz et de hip-hop, dans les rues new-yorkaises de Brooklyn, Harlem, et du sud de Manhattan, à la recherche de disques à sampler.
Du disquaire au classement quasi parfait au disquaire aux 130 000 pépites musicales poussiéreuses, c’est toute l’âme d’un courant musical et de sa culture qui se raconte. Au fil des recherches, Zajazza et Paul Bourdrel font aussi des rencontres d’exception et remontent même le temps, pour faire (re) découvrir l’univers et l’histoire du graffiti de 5pointz, un ancien espace d’exposition d’art à ciel ouvert, en plein New York. Détruit en 2013, ce lieu était considéré comme « la Mecque du graffiti ».
« J’ai réalisé qu’une partie de mes titres préférés provenait de disques plus anciens, qui ont été allongés, manipulés ou syncopés. (…) Fondamentalement le hip-hop et le Sampling ont fait de moi un véritable mélomane (…) Nous ne le faisons pas pour être riche, nous le faisons pour faire quelque chose que vous pouvez écouter, et vous dire : oh ouha ! C’est Cannonball Adderley, ou Mississippi John Hurt, pourquoi pas aller les écouter ? », confie le MC PremRock.
La chasse au trésor de Zajazza le conduit également dans des soirées hip-hop, pour s’imprégner de cette ambiance si particulière. Le Sampling n’est pas propre au hip-hop, mais il en constitue l’une des plus grandes richesses : il aide à s’ouvrir à d’autres cultures, fait perpétuer des noms. « Ça permet vraiment d’honorer ses ancêtres. D’honorer ses racines. Ça permet aussi à un artiste d’être créatif et d’innover, d’une certaine manière », comme le rapporte lors de cet épisode Mikal Amin, MC et éducateur.
Zajazza l’a prouvé dans cet épisode, en sélectionnant trois disques représentant la richesse de la scène new-yorkaise. Pour l’intro, quelques notes de piano provenant de “The Murray Hill Caper” par le Duke Jordan Trio And Quartet (1973). Pour le refrain, Zajazza emprunte une partie vocale au morceau “The Beat Of My Heart”, interprété par le crooner de Broadway Tony Bennett (1973). Enfin, les couplets des rappeurs sont accompagnés de quelques phrases issues de “The Morning After”, titre de Milt Jackson et Hubert Laws (1968).
La magie opère quand plusieurs artistes sont invités à y poser leur voix. Le Sampling est également un compliment pour l’artiste samplé : son œuvre perpétue dans le temps, est redécouverte, remaniée, mais conserve son authenticité. Ce puzzle musical peut être vu comme une passation de créativité, de génération en génération.