Supa Dupa – Rise & Fall, Du Superlatif Au Minimalisme
De l’extravagance des vibrantes stimulations à couper le souffle
Au silence tonitruant des émotions soufflées en un soupir.
De la virulence des pulsions incontrôlées, malices en délire
A l’influence de sages pensées repenties, paix de l’âme sans artifice.
En apesanteur, tout semble sans Gravité, jusqu’aux premières Turbulences
Risibles amours et triste humour, toujours la haute Chute attend au détour.
Le 7 décembre 2018, Supa Dupa présente enfin son tout premier album, intitulé Rise & Fall, fascinant diptyque aux deux reliefs si différents et pourtant si complémentaires.
Le premier EP, Rise, est un concentré d’énergie, un défouloir de pulsions, un vigoureux fracas d’émotions. La production, nourrie en informations, riche en nuances et effets sonores, reflète bien cet esprit aux teintes funky.
Fuel en est le meilleur exemple. La track alterne les lourdes frappes à la caisse claire, et le flow démentiel du rappeur, avec la légèreté du pad électronique et la voix sensuelle de la chanteuse.
Turbulence fait la transition entre Rise et Fall, étant la seule piste incorporant une vibrante intro à la caisse claire, suivi d’un psychotique piano, une section cuivre des plus funky et un dialogue explosif.
La force de cette seconde partie Fall réside en partie dans la construction des paroles et la vivacité des échanges entre rap et chant. La chanteuse affirme davantage son flow et l’on assiste à un véritable face à face entre vocaliste et rappeur. L’interprétation dans les deux voix laisse imaginer les scènes de ménage et la furie de leurs deux esprits confus et tourmentés.
NotaBene est déphasé, Macy Lu désabusée, et Célia Kaméni introduit l’idée de la tentation, avant de précipiter la chute d’un amour qui battait déjà de l’aile.
Parlant de l’interprétation dans les voix, le ton nonchalant employé dans Gravity rappelle les influences de Mac Miller sur l’esprit Supa Dupa.
Gravity, qui de surcroît, sonne comme un délicieux interlude, depuis la balade avec NotaBene jusqu’à la voix sucrée de Macy Lu.
Dans Mayday, les protagonistes vomissent leurs confessions, crachent leur quatre vérités, raturent leurs regrets après la rupture. Les personnages se voient tomber, et contemplent l’objet de leur chute. Le beatmaking de Nutone Beat appelle à l’urgence dans la détresse émotionnelle des deux personnages que souligne le sombre sample de trompette, sur fond de clavier aux nuances psychédéliques et mélancoliques.
Alors que les cœurs se répètent leurs erreurs jusqu’aux aurores, et comptent les pleurs, la morale de l’histoire se révèle dans Fall, telle la rosée du matin. Hélas encore, la peine dépeinte dans les chœurs est vive.
“Hearts are falling down, just like pouring rain.”
Dans cette psychose, le phrasé hypnotique de Macy Lu chante en douceur, malgré la douleur, “Rise & Fall”, sur une boucle progressant en apesanteur. La chanson est dépourvue de gravité, quoique bien ancrée au fond du temps.
Comme l’indiquait NotaBene, l’auteur des paroles de l’album, composé par Nutone : “On suit plutôt un cycle continu avec cette histoire. A la fin de Fall, on obtient la moralité de l’histoire, la leçon à tirer de tout ça.”
Fall est définitivement le chef d’oeuvre de l’album et le conclue de la plus belle des manières, plongeant ici l’auditeur dans un minimalisme appréciable, une atmosphère smooth, un moment thérapeutique.
Son minimalisme tient de sa production épurée en informations, pensé à la manière de J.Dilla. Point de sons fracassants, que de vibes réconfortantes. Paroles simples et suggestives.
Le quintet à cordes composé de Gaël Rassaert, Céline Lagoutière, Estelle Gourinchas, Cécile Costa-Coquelard et de la mère du compositeur même de l’album, sublime absolument ce titre.
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