Nuits de Fourvière 2017 – Nuit Soul : Michael Kiwanuka (Live Report)
Coeur de pierre, émotions de glace, (Cold Little Heart)
Ce qui fut jadis amour est à présent haine (Love & Hate)
Âme en peine et solitaire, en quête d’une âme soeur solidaire, ou pas. (I’ll Never Love)
Perdure encore et toujours cette recherche du bonheur, pour au mal-être échapper, (Rule The World)
Et au bien-être et à la quiétude accéder. (Place I Belong)
Dans un monde Blanc, l’Homme Noir reposera peut-être en paix. (Black Man In A White World)
De Valerie June à Michael Kiwanuka, deux univers entièrement différents.
L’une respire la légèreté, l’autre inspire le poids de l’introspection.
Dès le début, le spectacle nous introduit dans l’esprit torturé de l’artiste avec l’enregistrement d’une interview au cours de laquelle on devine la voix du jeune musicien londonien en train de s’exprimer.
Ses pensées illustrées par les mélancholiques notes de Cold Little Heart sont jouées à l’orgue : cinématique, l’expérience commence. Les morceaux s’enchaînent comme une seule chanson.
Le sens du détail chez Kiwanuka est notable, avec la haute exigence pour la mise en scène de son dernier album, Love & Hate, sorti le 15 juillet 2016 :
Amplis ornés de tissu de wax, batterie couplée de tam-tam et autres percussions africaines. Le visuel seul invoque les origines ougandaises de Kiwanuka, homme noir en spectable dans un monde blanc (“Black Man In A White World“).
Michael Kiwanuka apparaît finalement, dans un halo de lumière, et poursuit à la guitare la suite instrumentale du titre d’ouverture, exactement comme dans l’album.
En parlant de Marvin Gaye, il sait inspirer le sexy et appeler à l’amour avec le jeu sec de la batterie, et le solo de guitare pour le titre The Final Frame.
Une ambiance contemplative s’installe. Le son amplit le Grand Théâtre de Fourvière qui vibre aux émotions du guitariste et chanteur, du début à la fin.
C’est ainsi qu’il faut apprécier les concerts de Michael Kiwanuka. Les performances de ce jeune prodige de 30 ans suggèrent quelque chose d’intime.
Plus de 4000 personnes se sont déplacées pour venir le voir, et ce malgré l’averse. Cependant, la proximité installée reste la même que celle que l’on peut expérimenter lors de shows intimistes, à petite audience : sans pour autant trop briser la glace Kiwanuka sait faire écouter son coeur à son audience.
En commençant d’entrée de jeu avec une oeuvre qui dure près de 10 minutes, il plonge directement le public dans son univers expérimental et progressif.
Certains moments prennent même des dimensions oniriques, notamment au cours des progressions du titre Father’s Child, composé avec une Soul semblable à celle de Marvin Gaye, un ancrage dans la culture Blues, et une dimension expérimentale aussi sombre et lumineuse que Stairway To Heaven de Led Zeppelin .
L’écriture instrumentale est le principal atout du groupe, bien que les paroles de Kiwnuka soient elles-memes déjà bien élaborées et lourdes de sens.
La dernière artiste en mémoire cataloguée Soul/RnB à mettre autant en avant une telle écriture, avec ces idées de suites, était Janelle Monaé avec son album The Archandroid.
Par ailleurs, des albums comme The Archandroid, ou encore To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar (qui lui aussi aborde le sujet d’être Noir dans un monde Blanc dans cet album- cf Black Portraitures – The Black Body In The West) sont des oeuvres qui ont été joué en orchestre.
Et, on pourrait parfaitement imaginer un orchestre jouer pour l’album Love & Hate de Michael Kiwanuka, chef d’oeuvre instrumental de cette Nuit Soul aux Nuits de Fourvière.
Crédits Photographie : EYM
3 commentaires sur “Nuits de Fourvière 2017 – Nuit Soul : Michael Kiwanuka (Live Report)”