The Dramatix, Ou Comment Théâtraliser Sa Musique [Interview]

Mélanger le théâtre et la musique, qui a dit que c’était impossible ? Certainement pas Bett Betty, chanteuse de The Dramatix aux multiples talents, qui nous a permis de rentrer dans son univers le temps d’une interview.

SSB :The Dramatix ! Le nom fait penser aux concurrents des Temptations, The Dramatics. Ces groupes de MoTown font partie de vos influences fortes. Qu’est-ce qui vous fascine chez eux ?

Bett Betty : Alors en fait, ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai choisi ce nom à l’époque, je connaissais pas “The Dramatics”, [rire].Je connaissais bien sûr les groupes de MoTown, mais pas celui-ci spécifiquement.

Je cherchais a faire le lien avec le théâtre (drama = théâtre, en anglais), parce que je viens de ce milieu là, et puis un lien avec le côté spectaculaire. Et les noms de la MoTown me faisait délirer, du coup j’imaginais quelque chose comme “Betty & The Dramatics”.

Et en fait, il y a quelqu’un, un fan anglais, est venu m’écrire très gentiment sur Facebook : “Super la référence aux Dramatics ! Mais tu sais que ce groupe existe déjà ? [rires] – No way!”

Je l’avais orthographié à l’identique à la base en plus. Du coup, c’est comme ça que j’ai mis “x” à la place du “cs”.

Mes références funk étaient ailleurs : James Brown, évidemment, on ne peut pas du tout se permettre de passer à côté. Il y aussi Tower of Power.

Et puis quand on a formé Dramatix, en vrai, on était plus sur porté sur la neo-funk, avec Louis Cole, Jamiroquai, par exemple.

SSB : Qu’est-ce que tu appelles Neo-Funk ? C’est assez précis comme terme.

Bett Betty : C’est la nouvelle scène jazz-funk

SSB : Donc plutôt dans le sens de nouvelle génération du funk, et non pas innovation sonore ?

Bett Betty : C’est ça. Et du coup plus dans la veine de Louis Cole.

Après l’équipe des Dramatix, c’est tous des jazzeux. Et, le compositeur, John [Johnny Mustang] – c’est le guitariste – est très influencé 90’s.

Et nos autres projets artistiques [Rose Betty Club] étant tournés vers un répertoire soul et r&b, les voix d’Amy Winehouse ou Aretha Franklin font aussi partie de mes influences.

SSB : Quelle importance vous accordez à votre aspect théâtral ?

Je suis comédienne et grande fan de comédies musicales, également metteuse en scène depuis 15 ans. Le théâtre fait partie intégrante de ma vie, je ne me voyais pas l’exclure. Un groupe ce n’est pas que à propos de la musique, mais aussi du visuel, de l’histoire, de l’esthétique.

SSB : Pour la direction musicale, comment les musiciens écrivent-ils ensemble ? On voit par exemple que dans sur le titre Friends qu’il y a pas mal de variations, un rôle important donné au saxophone. Donc comment vous travaillez tous ensemble ?

Bett Betty : C’est John qui crée tout, et maquette tout. Moi je lead le groupe, côté management, mais c’est lui qui fait tout ce qui est musical.

On est vraiment 2 en tant que créateurs en fait : je fais tous les textes et lui c’est la musique. Sur son ordi, il va écrire les lignes de basse, les idées au clavier, l’essence de la chanson. Il écrit le squelette et il soumet ça aux musiciens du groupe pour arrangements.

SSB : Vous avez une superbe section cuivre, et encore une fois, le saxophoniste occupe une bonne présence.

Bett Betty : Ah bah là, le sax’ ! Il est un énorme saxophoniste de jazz, Mathieu. Il joue dans le collectif de jazz KOA, il a bien sa place dans le milieu jazz.

SSB : Où avez-vous tourné le clip ?

Bett Betty : On l’a tourné dans l’arrière-pays de Montpellier, chez un ami. C’est moi qui ai fait la mise en scène du clip. J’ai écrit le scénar, les personnages, les binômes.

Au moment d’écrire Friends, j’avais cette image de l’ami qui s’avère être ton meilleur ami mais qui peut aussi être un énorme boulet [rires]. Du coup dans la mise en scène, chaque Dramatix avait un binôme, qui serait son “friend”, son “boulet”.

On est parti sur une ambiance “freaks”, avec des gens habillés de manière délirante. C’est une caricature assez décalée de Miami, et de ce monde bling-bling, summer body…

Du coup parmi les “boulets” tu vois la blonde sur des rollers, le gars qui demande tout le temps au DJ de passer un son, les relous qui draguent toutes les meufs… Bref, le pote gaffeur qu’on apprécie.

Et puis, quand j’écris des chansons, j’aime beaucoup créer des personnages de théâtre. Ces personnages fictifs me servent de prétexte pour raconter une nouvelle histoire en live.

SSB : Et quel a été ton personnage préféré jamais créé pour les Dramatix ?

Bett Betty : Dans l’EP, le titre qui ouvre l’album met en scène le personnage de Mr. Fonnkezi. Pour la la petite anecdote, en créole réunionais – parce que je suis d’origine créole, de la Réunion – fonnkeur ça veut dire fond du coeur et poème. Du coup l’idée, c’était de faire un jeu de mot entre fonkeur et poésie, et présenter quelqu’un qui t’apporte de la poésie dans ta vie, et de la funk.

Et puis la langue créole est géniale pour la mélodie et à chanter aussi ! C’est un mélange hyper fun et « le trait d’union rêvé entre la Nouvelle-Orléans et la Réunion ».

SSB : D’où vient votre nom de scène Bett Betty ?

Bett Betty : Il vient de Rose Betty (qui était mon surnom originale). Avec mon premier groupe, on s’était donnés des surnoms pour rigoler au début. Puis à la suite de la fondation de mes autres formations, je l’ai transformé en Bett Betty.

SSB : Raconte-nous le moment où tu as su su que tu voulais faire de la musique à un niveau professionnel.

Bett Betty : Je ne sais pas s’il y a un moment spécial. J’ai toujours chanté, j’ai également fait de la danse, du théâtre bien sûr car j’ai travaillé en compagnie pendant longtemps, et du cirque. J’ai commencé à vivre de la musique en 2011.

SSB : Quelle est ta comédie musicale préférée ?

Bett Betty : J’adore Hair, Grease, West side story et le Rocky Horror Picture show !

SSB : As-tu d’autres projets en dehors de ce groupe ?

Bett Betty : Oui, j’en ai quelques-uns. Le premier est un quintet jazz prénommé Rose Betty Klub. On a une esthétique des années 50, c’est aussi hyper théâtral (je suis costumé en pin-up aux concerts, les musiciens ont tous des surnoms). Nos deux derniers albums sont composés uniquement de compositions originales, a contrario du premier qui était un album de standards.

J’ai commencé la contrebasse aussi, et j’ai intégré ça dans mon second projet, le duo My Joséphine, inspiré des racines américaines gospel et blues. Maintenant nous sommes devenus un trio jazz électro créole. Dans ce trio, on joue mes compositions.

Bien sûr il y a The Dramatix. Et aussi, Bett trio, où je suis à la contrebasse et au chant et qui a un style plus rockabilly.

Cela demande une certaine organisation, mais j’ai toujours été un peu hyperactive donc cela ne me dérange pas.

SSB : Comment avez-vous affronté cette crise ?

Bett Betty : Au départ, je voyais le bon côté des choses car j’avais du temps.

On en a profité pour faire pleins de clips et vidéos, mais c’était quand même une ambiance très bizarre.

Jusqu’à janvier on a rentabilisé le temps, mais ça commence à devenir long même si les répétitions continuent.

SSB : Comment s’est passé la sortie de l’EP ?

Bett Betty : C’était étrange parce qu’on n’a pas pu faire de concerts. On a malgré tout sorti le clip de Friend, et le vinyle sortira à l’occasion du concert officiel de sortie de l’EP.

On aurait dû le sortir en Novembre, mais il sortira cet été. Il y aura des goodies offerts avec le vinyle : des cartes postales et des polaroïds aussi, en clin d’oeil à l’époque des années 90 !

SSB : Pourquoi donner autant d’importance au vinyle ?

Bett Betty : C’est vrai que maintenant les objets physiques comme les CDs sont devenus obsolètes, avec le streaming. 

On a choisi le vinyle car ce support est chouette, on aimait l’objet.

Le son est plus joli, et la musique ressort mieux, le son est réel avec le vinyle et pas transformé par la compression due au MP3. Et puis ce support est chouette, on aimait aussi l’objet.

On est aussi plus dans le visuel. J’ai toujours beaucoup aimé les vinyles, pour moi on peut choisir un vinyle à sa pochette. J’ai d’ailleurs fait la pochette du notre. 

SSB : Des projets à venir ?

Bett Betty : On va essayer de donner des concerts dès fin mai, si c’est possible. On compose aussi beaucoup.

Avec Rose Betty Klub, on va fêter les 10 ans du groupe en 2022, du coup on essaiera de faire un énorme concert et de faire revenir tous ceux qui ont participé à l’aventure depuis le début.  

Personnellement, je monte un spectacle/concert de théâtre musical pour les enfants avec le trompettiste de Dramatix et une pianiste. Le projet s’appelle Mission Dizzy 3021 et est prévu pour fin 2021.

Merci beaucoup à Bett Betty de nous avoir accordé cette interview, et pour vous mettre de bonne humeur et ajouter du soleil dans vos vies, aller tout de suite écouter ce merveilleux diamant qu’est The Dramatix !

Camille Laval

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