Woodstower – Sons of Kemet – Live Report
“You write music and you record it: you just do it. I trust in my ability to write really dope s*** and I will do that consistently for as long as I can.”
La figure de proue de la nouvelle scène londonienne était de retour en région lyonnaise avec son projet Sons of Kemet, pour la 20ème édition du festival Woodstower.
Shabaka Hutchings, ses deux batteurs et son tubiste légendaire sont venus présenter leur nouvel album “Your Queen is a Reptile” devant un public déjà conquis sous le chapiteau du Parc de Miribel.
Déjà bien connu sur la scène jazz en France, le saxophoniste anglais tourne avec différentes formations, notamment avec Comet is Coming et avec The Ancestors. Après deux albums sortis chez Naim Jazz en 2013 puis en 2015, Sons of Kemet présentaient leur dernier album sorti sous le nom “Your Queen is a Reptile” et signé par Impulse!, le label de Charles Mingus, John Coltrane ou encore Pharoah Sanders.
L’objectif des quatre musiciens anglais sur ce projet est d’entamer une conversation engagée en utilisant leur musique comme langage pour rendre hommage à Angela Davis, Albertina Sisulu, Harriet Tubman et d’autres femmes ayant voué leurs vies à la défense des droits civiques et de la parité femmes-hommes.
On connaissait déjà l’intensité exceptionnelle qu’insuffle le saxophoniste dans ses prestations live dans ces différents projets, mais cette fois-ci une étape de plus est passée.
En lien avec cette volonté de protestation contre la couronne anglaise, le groupe de jazz “afrofuturiste” propose un set d’une heure et demie d’une densité rare, fortement imprégné par les racines caribéennes de son leader.
Déjà souvent inscrit dans la lignée de John Coltrane ou Sony Rollins, Shabaka Hutchings continue de confirmer son statut de saxophone colossus, proposant un jeu de plus en plus abouti. Il parvient à flotter sur la base rythmique posée par Tom Skinner et Eddie Hick aux percussions et la ligne de basse frénétique de Theon Cross sur son tuba.
Au final, il n’aura fallu que 5 minutes de concert aux enfants égyptiens (littéralement Sons of Kemet) pour conquérir le cœur et les oreilles de tout le public présent sous un chapiteau plein à craquer, avant de le transformer en une immense piste de danse aux allures de festival de transe.
La formation continue donc son ascension fulgurante en évoluant musicalement de date en date ; on ressent une intensité plus forte, et surtout une précision chirurgicale dans un projet pourtant particulièrement enclin à l’improvisation, ce qui est le signe d’une harmonie entre les quatre membres, qui continuent d’illuminer le chemin de leur tournée.
Article et photographies par Renaud Alouche