La catharsis de Yaya Bey : guérir de traumatismes d’enfance
” Une chanson est un poème avec de la musique”. Poésie et musique sont étroitement liés, on qualifie même l’artiste dont nous allons parlée aujourd’hui de poète chanteuse.
Son EP, sa catharsis.
Yaya Bey, American girl, est un pur produit de son environnement, issue du Queens, célèbre quartier de New York. Déjà hors de la moyenne, elle a participé à de nombreuses manifestations dans la région de Washington. Ses chansons lui servent de thérapie pour aller de l’avant, outrepasser les blessures. Elle ouvre son nouvel EP, The Things I Can’t Take With Me”, paru ce 9 avril, avec un traumatisme qui remonte à son enfance dans the root of the thing ; elle avoue qu’elle “n'[a] jamais vu [son] père traiter une femme bien /[elle ne sait] pas ce que c’est que d’être compris“.
Un processus de guérison initié avec ses confessons dans ‘Madison Tapes‘, son premier EP qui documente avec créativité son cheminement. Après avoir contemplé toutes ses souffrances passées, la poétesse arrive enfin à l’étape du lâcher prise, laisser le fardeau du passé, et détacher les yeux de ce qui la tire en arrière.
“L’album portera sur le retour sur soi, explique Bey. Mais sur le chemin, il y a toute cette merde que je dois laisser aller, les choses que je ne peux pas emporter avec moi.”
The Things I Can’t Take with me, est sorti sous le label Big Dada, un label indépendant fondé pour que le hip-hop anticonformiste et inclassable ait une plateforme pour s’exprimer. Une organisation à l’image de l’artiste. Pour ce nouvel opus, l’artiste pluridisciplinaire a réalisé elle-même la pochette et les concepts pour le merchandising elle-même.
Slam, chant, illustration : Bey, une artiste à 360°
Elle a commencé par la poésie orale, avant d’écrire des chansons d’autres artistes. C’est après plusieurs années qu’un producteur local, Chucky Thompson (connu pour son travail avec Notorious B.I.G. et Diddy) a encouragé Yaya Bey à enregistrer ses propres chansons. Elle a également montré son travail de collage dans des galeries et a effectué deux résidences au Museum of Contemporary African Diasporan Art (MoCADA) de Brooklyn. Elle crée également ses propres illustrations de merchandising et d’albums.
Impressionnant n’est-ce pas ?
A l’écoute de september 13th, une atmosphère très soul et nonchalante se dégage, teintées de percussions au jeu fin, le tout sur un tempo somme toute cadencé. Fun fact, ce morceau, Yaya Bey l’a écrit en se basant sur le type de musiques qu’elle écoute avant de s’endormir. Sensations chill, avec un flow qui rappelle le slam. Toute sa poésie se fait ressentir au travers de ce morceau. De plus, le clip paraît très intime, réalisé à partir de moments de sa vie, quand elle a enregistré et shooté les visuels pour l’EP.
Son dernier singe, fxck it then, sonne davantage jazz et rap pour ce qui est du style. Il est accompagné d’un nouveau travail de collage créé par Yaya elle-même et d’un clip vidéo réalisé par Morgan B. Powell.
“La vidéo a été un véritable travail d’amour”, déclare Bey. L’esthétique nostalgique du film super 8 est stylisé par Alexea Brown et mélangé à des photographies polaroid de Bey. Ce qui donne un aspect rétro, vintage, avec un effet vieilli et riche en couleurs pour les images. On remarque beaucoup ce style dans son feed Instagram également.
A travers ce morceau, elle s’émancipe du man gaze et des opinions biaisée de certains hommes de l’industrie à la moralité discutable. Désinvolture ou ferme assurance ? F%ck it, les détracteurs la qualifieront de “bad bitch” et de “average”. Chanson joyeuse, sérieuse intention.
C’est une juste description de son œuvre et d’elle-même. Elle dégage une aura remarquable, et donne envie d’apprécier son énergie en concert. Une artiste et femme qui sort du lot, qui a le courage de le faire, en plus d’être polyvalente et talentueuse. Un véritable diamant brut, dont on attend impatiemment l’album, après ce 2e EP.
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