ZKR tient le rap game « Dans les mains » et fait sensation
Brut, inspiré, sincère, ce sont là les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on parle de ZKR. Remarquable à chaque apparition, le rappeur du « Nouveau Roubaix » fait le premier grand coup de 2021 avec la sortie de son premier album « Dans Les Mains ».
2018, A la manière d’un Gradur avec la série Sheguey, ZKR entame une série de freestyles de 5 minutes. Très vite, on découvre un bousillé de rap étalant sa gamberge et ses réflexions sur fond de vie de rue avec technique et une interprétation époustouflante.
Après avoir marqué les esprits par sa série de freestyles, à laquelle s’ajoutent des grosses performances à Skyrock, l’épreuve du feu qu’est le passage à l’album figurait comme une suite logique et attendue. Allait-il rester dans la ligne de ses freestyles au risque de se répèter ? Allait-il innover au risque de dérouter ses premiers supporters ?
Avec « Dans les mains », ZKR devait transformer l’essai et confirmer sa progression depuis la mixtape « Absent » (2018). Dès l’intro il donne le ton d’un album marqué par la rage et la sincérité. Toutes ses qualités de rappeur, ZKR les mets au service de l’univers et des thèmes qu’il développe.
Comme d’illustres aînés ayant noirci les plus belles pages du rap français, ZKR ne gaspille aucun mot, aucune ligne. A ce titre, l’enchaînement de « 59 Carats », « The Wire » et « Ba Oué » est l’un des temps fort de l’album.
Sur ces trois titres en particulier, on a l’impression que derrière ses lignes se cachent une galerie de portraits qui ont marqué son parcours. Certains racontent la force des liens quand d’autres raconte la jalousie, la trahison d’un proche où le verdict d’un juge.
« Elle m’dit que j’suis pas fidèle comme un briquet qui fait toutes les poches de la cité ». (« Poursuite »)
Le long des 18 titres, ZKR s’offre un temps mort sur « Mêmes valeurs » et reçoit aussi le soutien de têtes bien connus sur l’échiquier du rap jeu, de Koba La D à Niro en passant par PLK et Leto. Preuve d’une identité forte, chacun des invités s’est parfaitement intégré à l’univers du roubaisien.
La direction artistique de l’album, bossé de concert avec DJ Bellek, permet au MC de montrer toute l’exigence de son écriture et sa polyvalence. Aérien sur « J’ai fait le tour », il fait jaillir le blues de rue sur « Comme un junkie » ou le storytelling « Vie De Rue » et compte les effets de celui-ci sur ses relations dans « Caractère ».
Bien que dans l’air du temps, ZKR conclut son œuvre avec « Là-bas », un track « à l’ancienne » où il peut faire retomber l’intensité globale du projet.
« Même au fond du trou j’me mets pas la corde au cou/ j’suis tombé j’me suis relevé regarde maintenant j’suis debout/ J’suis toujours dans l’tunnel mais j’commence à voir le bout » (Là-bas)
« Dans les mains » lève le voile sur de jeunes années vécu intensément avec son lot d’erreurs. Si toutes ces expériences ont marqué ZKR, elles l’ont aussi enrichi.
Alors qu’il monte les échelons à la force de son rap, de ses valeurs et de sa gamberge, nul doute que le MC n’a pas fini de s’installer tant il semble avoir encore beaucoup à dire.