Obsidiane arrive sur la scène jazz française avec son premier EP, entre lumière et obscurité
Le jazz est vif, douloureux, doux, tendre, lent ; il apaise, il bouleverse, c’est de la musique et ce qu’il rythme est vrai, c’est le pouls de la vie.
Andree Maillet
Il y a du nouveau sur la scène jazz moderne française ! La formation lyonnaise Obsidiane a en effet sorti son premier EP le mercredi 14 octobre. Elle est née de la volonté du pianiste Pierre-Louis Varnier, également à la composition. Il s’est entouré de Romain Frechin (à la batterie) et de Ben Guyot (à la contrebasse).
Le trio s’inspire de quelques noms du jazz (Gerald Clayton, Tigran Hamasyan, Vijay Iyer, Ambrose Akinmusire, etc.), mais aussi d’autres styles musicaux (hip-hop, métal, techno et soul) pour créer un son singulier et empli d’émotions.
L’EP éponyme est composé de quatre chansons. L’Obsidienne, pierre volcanique, se présente souvent de couleur grise ou noire. Parfois, elle réfléchit la lumière, selon ses plans internes, reflétant ainsi des tons verts, violets et argentés : un phénomène appelé arc-en-ciel des obsidiennes. Sa texture est le résultat du refroidissement rapide de la lave.
L’histoire racontée par les musiciens peut être reçue différemment, selon la sensibilité et l’imagination de chacun.
Nous vous présentons ici notre interprétation. L’EP se veut tantôt sombre, tantôt lumineux. Tantôt explosif, tantôt calme. Le premier morceau l’indique déjà par son titre, « Rafale ». La mélodie oscille entre rythme rapide et rythme lent. Comme lors d’une rafale, un instrument balaie l’autre. Nous sommes pris au cœur d’une tempête : c’est à celui qui deviendra de plus en plus puissant.
D’ailleurs, les sons de la batterie, pressants, s’apparentent au bruit du vent qui fouette les feuilles d’arbres. La cadence du piano, effrénée, donne une notion d’urgence, tandis que la contrebasse plante le décor d’une scène inquiétante.
Le deuxième morceau annonce le calme après la tempête. « Calm Down » offre une atmosphère plus apaisante, chaleureuse, comme si on s’était réfugiés quelque part pour échapper au mauvais temps. « Calm Down » est l’une de ces compositions que l’on peut écouter en lisant un bon livre, ou en se réchauffant auprès d’un feu de cheminée.
Un décor qui change du tout au tout avec « Abyss ». Nous voilà de nouveau dans une scène à la fois oppressante et mystérieuse. La batterie et la contrebasse accompagnent notre imagination pour visualiser des profondeurs obscures et inquiétantes. Les notes de piano donnent l’impression d’essayer de s’échapper ou de dégringoler. La mélodie effectue quelques tourbillons, puis se termine de façon brutale : c’est la fin de la chute.
Enfin, « So Long Brother » signe le retour du calme et apporte une forme de douceur, proche de la mélancolie.
Le caractère à la fois fougueux et introverti de cet EP peut être comparé à l’esthétique présente dans l’album « A Fable » de Tigran Hamasyan. Tout comme l’artiste arménien, Obsidiane tend à mêler tradition et modernité. Le trio utilise aussi la poésie et la variation de sonorités pour peindre des tableaux, métaphores chères à Tigran.
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