Nawel Ben Kraiem – Les Pleurs d’Une Méditerranéenne
Sur la mer tanguent le rêve et l’espoir en proie aux vagues et aux troubles,
Destin plus propice aux eaux troublées qu’a l’Eden trouvé, Mer promise substituée à Terre promise,
Dans la langue de sa mère s’élève une prière, une voix qui toutefois ne perd foi.
Découverte pour la première fois sur Sounds So Beautful à l’occasion de la sortie de l’album Méditerranéennes de Julie Zenatti (interview), Nawel Ben Kraïem annonce un retour avec de toutes nouvelles compositions.
2 ans déjà se sont écoulés depuis l’apparition de son dernier album Navigue, un projet qui associe plusieurs lectures.
Le sens de la traversée et du voyage (éprouvé) se laisse entendre. Malgré les paroles abstraites et les figures poétiques, Nawel Ben Kraïem écrit avec un regard perçant sur certaines réalités sociales (les migrants, la dignité des femmes) et ne manque pas de l’expliquer dans ses interviews.
Au travers de sa discographie, on peut comprendre et apprécier sa vision. De Navigue, à Beautiful Tango, l’artiste entonne les paroles “makes me feel like I’m on a river flow ” et étonne par sa sensibilité.
Sous des flots d’émotion, on s’évade et on s’égare au fil de vagues harmoniques et de rythmes solaires.
Aujourd’hui, fière de son métissage franco-tunisien, elle n’a de cesse de partager sa musique avec un message fort.
C’est dans cette démarche qu’elle dévoile Mer Promise, premier single d’un nouvel album en préparation ; un titre aux significations multiples, qui renvoient autant à la méditerranée, qu’aux juifs de Tunisie, et qu’aux migrants.
Autant de thèmes abordés aux côtés avec Julie Zenatti qui reprend dans son album les titres les plus emblématiques : Exil, Adieu Mon Pays, Avinu Malkeinu…
Relisez son histoire
“Ma mère vient du sud de la France, mon père du sud de la Tunisie, j’ai grandi à Tunis jusqu’ à mes 16 ans, avec la langue française au corps et la langue arabe au cœur ou l’inverse. J’ai très tôt été attirée et émerveillée par la scène, par la lumière et par la nuit.
Dès que j’ ai pu j’ ai joué au théâtre à Tunis, puis chanté dans les bars, à Paris, trimballant mes origines rurales et tribales dans les capitales. Griot urbain. Petite fille de berger avec la guitare et le stylo en guise de sifflet.
J’ ai toujours écrit des poèmes, depuis l’enfance, et plutôt des poèmes en français. Mais ce ne sont pas ces poèmes que j’ ai commencés à chanter sur scène. J’ai d’abord cherché le son, l’énergie, l’émotion ou juste l’interaction avec moi et avec l’autre. Pour être ensemble, « de concert », comme ça se dit si bien.
Quand la maison de disque m’a encouragée à chanter en français j’ai ouvert mes carnets de poésie et les mots sont sortis, soulagés, fiers, lâchés, mêlant la conscience et le sens au mystère des sons et des émotions .
Les images, les mots d’esprits, les comptines les « on » et les « an » du français se sont mis à danser avec l’imaginaire arabe, sa profondeur et sa folie, et les sonorités et les mélodies de l’arabe sont venues se glisser dans ce nouveau terrain de jeu pour tordre les mots et les maux, et croiser les regards. Hybride.
L’histoire de ce nouvel album c’est peut-être ça : J’ai regardé mon monde intérieur sous un nouvel angle, puis j’ai raconté ce que je voyais du monde. Et il se trouve que je le vois plutôt comme un angle, le monde. Pyramidal, bancal .
Alors dans mes chansons j’essaie de l’arrondir, de le sourire, de le chanter et de l’enchanter .
En piochant dans la beauté des lectures et dans la beauté de la rue. Dans une rencontre banale ou dans un tableau abyssal. Dans un rêve ou dans une rame de métro.
Dans une langue ou dans une autre. Pour améliorer pour sublimer ou peut être simplement pour communiquer, pour mettre « en commun ». Peut être pour communier « De concert » comme ça se dit si bien .”