Roberto Fonseca, Grand Absent du Festival Jazz à la Villette
« Yesun présente un Cuba sans frontières. Je construis des ponts entre mes traditions afro-cubaines et d’autres styles musicaux, tout en prenant plaisir à créer des choses folles en concert. J’apporte de nouvelles idées glanées pendant toutes ces années où j’ai parcouru le monde. J’emmène la musique cubaine avec moi, et vers le futur ». Roberto Fonseca
Six ans après sa première invitation en solo au Festival Jazz à la Villette, le pianiste Roberto Fonseca était convié, samedi 12 Septembre, à faire son retour pour une représentation « Solo & Friends », à la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Il a malheureusement été contraint d’y renoncer, en raison de la nouvelle épidémie de coronavirus qui touche Cuba, rendant impossible son déplacement. C’est avec regret que le musicien s’exprime sur la page Facebook du festival.
Accompagné de ses fidèles acolytes (le batteur Raúl Herrera et le contrebassiste Yandy Martínez Rodriguez), le virtuose cubain a sorti, le 18 octobre 2019, son dernier album intitulé « Yesun ».
Après avoir adroitement revisité l’histoire de la musique cubaine dans son précédent opus, « ABUC », l’artiste choisit ici d’intégrer des éléments nouveaux à son répertoire habituel. Aux tonalités cubaines traditionnelles et jazz, il ajoute des notes de funk, de reggaeton ou encore de musique classique et électronique dans Yesun. Avec des collaborations aussi variées que talentueuses, cet album est un appel à la liberté créative.
« Toutes mes influences sont là. Tous les sons et les vibrations qui font de moi ce que je suis. » Roberto Fonseca
En effet, en invitant sur son neuvième album solo le trompettiste franco- libanais Ibrahim Maalouf, la chanteuse de R&B et rap cubaine Danay Suarez, ou encore le saxophoniste Joe Lovano, Roberto Fonseca fait avancer sa musique et par conséquent celle de Cuba. « Yesun est l’album que j’ai toujours voulu faire », disait-il encore récemment. Distingué en 2019 du titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres du Ministère de la Culture français, il prend l’entière liberté d’explorer des horizons nouveaux.
Bercé par la musique classique depuis sa tendre enfance au conservatoire de La Havane, on discerne dans le morceau Por ti sa sensibilité pour la période romantique. Le quatuor formé avec l’incroyable Ibrahim Maalouf dans Kachucha réussit à nous faire voyager entre le Moyen-Orient en introduction et le cœur même de Cuba par la suite. Quant au titre en collaboration avec le saxophoniste et jazzman Joe Lovano, il apporte un dynamisme rythmique propre à l’univers de Roberto Fonseca.
Son dernier clip, « Stone of Hope », sorti en juillet de cette année, est extrait de cet album. Il aborde dans ce morceau l’accomplissement personnel et l’importance de poursuivre, sans cesse, ses objectifs, quels que soient les difficultés rencontrées sur la route. Ce message s’articule autour du clip présentant un entraîneur et son élève qui, au gré de ses nombreuses tentatives échouées, parvient à faire un plongeon parfait.
Dans cet album, Roberto ose aller là où peu de musiciens se sont aventurés. Si dans l’ensemble de ses 13 compositions originales, ses racines afro-cubaines sont omniprésentes, son registre musical a fortement évolué. Ce projet éclectique est à la fois révélateur de l’ouverture et de la diversité culturelle cubaine et participe à insuffler un vent nouveau pour les futurs artistes.
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