MJF 2025 Part 2 – Bloc Party, Pulp, Joe Bonamassa : Frissons Rock sur la Scène du Lac
Deuxième chronique au Montreux Jazz Festival 2025. Après un premier épisode sous le signe de la pop et du R&B, l’électricité a pris le relais sur les scènes du lac Léman.
Bienvenue dans le versant rock’n’roll du MJF : deux soirées à haute intensité où les guitares ont parlé fort, et où les légendes britanniques ont croisé les maîtres du blues US.
D’un côté, une soirée rock UK teintée de nostalgie fiévreuse avec Bloc Party et Pulp.
De l’autre, une leçon d’âme blues-rock avec Kenny Wayne Shepherd Band et Joe Bonamassa.
À Montreux, le passé et le présent du rock se rencontrent au travers d’une explosion électrique.
Bloc Party & Pulp – L’écho nostalgique de la jeunesse anglaise
📍 Lake Stage — Lundi 14 juillet
L’air est doux, le lac Léman presque calme… Jusqu’à ce que Bloc Party débarque sur scène !

Dès les premières mesures, la foule bondit. Kele Okereke, leader charismatique, prend possession de la scène comme au premier jour : visage concentré, guitare en bandoulière, voix tranchante.
Ce soir, c’est notre jeunesse des années 2000 qui ressurgit, poings serrés, yeux embués. Et tout le monde chante. Parce que Bloc Party, c’est ce rock nerveux qui vidait la batterie de nos lecteurs MP3 à l’époque, entre rage de vivre et spleen urbain.
Après un faux départ sur une chanson, le leader ironise : “C’est pas grave Bloc Party, c’est pas comme si le concert était livestreamé dans le monde entier. On s’en tape, on est un groupe de rock, non ?”
La setlist déroule les classiques sans faiblir – Banquet, Mercury, This Modern Love, Helicopter – avec ces riffs de guitare au son clair et incisif caractéristique du groupe.
20 ans plus tard, le groupe n’a rien perdu de son intensité, ni de sa sincérité.
Et toi ? Tu as fêté les 20 ans de leur album Silent Alarm ? À réécouter ici
Sinon il y aussi leur dernier album sorti en 2024 ici.
Pulp entre en scène un peu plus tard. Et là, c’est une autre forme de vertige.

Jarvis Cocker apparaît dans un costume désuet, style prof de philo désabusé, la gestuelle bizarroïde d’un crooner décalé.
Il suffit de quelques morceaux pour que le public comprenne : ce concert sera une célébration. Une messe païenne où l’humour ironique et la mélancolie poétique se confondent.
Les tubes s’enchaînent : Disco 2000, Do You Remember the First Time ?, Babies, Common People… Énorme temps fort en milieu de set avec l’enchaînement des morceaux This Is Hardcore et Sunrise. On verse une petite larme au terme d’une outro qui nous fait progressivement dresser les poils.
Mais le plus touchant reste peut-être la façon dont Jarvis nous parle entre les morceaux. Comme s’il nous connaissait tous. Comme si on avait tous grandi dans les mêmes banlieues grises de Sheffield. Au programme : petites anecdotes de jeunesse, distribution de bonbons aux premiers rangs, retour sur les débuts du groupe…
À Montreux, ce soir-là, Pulp nous a rappelé qu’il n’y a rien de plus rock que de rire de sa propre mélancolie.
Pulp a sorti un nouvel album le 6 juin dernier, ce soir on adoré la version live des titres Slow Jam, Farmers Market, Got To Have Love …
Kenny Wayne Shepherd Band & Joe Bonamassa – Le blues en pleine lumière
📍 Lake Stage — Mercredi 16 juillet
Montreux s’est transformé en temple du blues ce soir-là.
Dès 20 h, Kenny Wayne Shepherd, grand nom du blues-rock américain, a électrisé la Scène du Lac.

Dans le style, Kenny Wayne est un hommage vivant à Stevie Ray Vaughan. Il joue d’ailleurs avec Chris Layton, ancien batteur de Stevie himself…
Il est aussi accompagné de la légende Bobby Rush (91 ans, trois Grammys), qui vient relever le set avec le groove de sa voix grave, et ses solos d’harmonica à l’énergie authentique.
Kenny, 48 ans, revient à Montreux, là où il jouait déjà à 21 ans – un retour sincère et énergique. Guitare bulldozer, riffs mordants et solos fleuves, le Kenny Wayne Shepherd Band, c’est un feeling brut. Du blues électrique rentre-dedans qui secoue, à l’image du dernier morceau du set : une version bien musclée de Voodoo Child pour mettre tout le monde d’accord.
Tu savais que Kenny Wayne Shepherd et Bobby Rush on sorti un album ensemble il y a quelque mois ? Ça s’écoute ici
Puis vient Joe Bonamassa, fidèle au poste, costard sombre, guitare en main.

Deux ans après son dernier passage à Montreux, le maître du blues-rock est de retour !
Joe, c’est le technicien, le maître d’orchestre. Il déroule un set millimétré, d’une précision presque irréelle.
Mais ce n’est jamais froid ou trop dans la démonstration. Au contraire. Il joue avec différents styles de blues, ses intentions de jeu sont variées et dessinent une belle progression tout au long du set.
Ses solos montent en tension, redescendent en douceur, pour mieux repartir vers le ciel. Chaque morceau est un voyage sur le manche d’une de ses nombreuses guitares, des escales sur son pedalboard.
Joe Bonamassa a joué avec toutes les légendes du genre. Avec lui sur scène, ce soir, il y a Reese Wynans, claviériste de… Stevie Ray Vaughan – oui, encore lui. Plus tard, Kenny Wayne Shepherd les rejoindra aussi pour cette belle célébration du blues version Double Trouble.
Les musiciens se passent les solos sous l’œil amusé de Joe, qui s’offre un cigare sur scène, sourire aux lèvres.
Le festival a vibré, frissonné au son des guitares saturées. Plus qu’un simple hommage, cette soirée au MJF, c’était du blues vivant : une musique brute et transgénérationnelle qui continue de rassembler les amateurs de concerts au fil des époques.
Et comme un symbole, Joe Bonamassa sort un nouvel album deux jours après son concert à Montreux. Découvre ce nouvel opus ici.
Brèves des scènes OFF
Le meilleur des scènes gratuites en quelques mots.
Moictani – On reste dans la même énergie avec le concert de Moictani sur la Super Bock Stage… Du rock en espagnol complètement déjanté, une proposition artistique rafraîchissante. On vous conseille d’écouter ici.
Dombasle – Le public de la Super Bock a été conquis par le set de Dombasle. Un rock psyché aux accents soul qui fait planer les festivaliers dans une atmosphère poétique. À écouter ici.
The Buttshakers – Quel plaisir de retrouver ce groupe qu’on suit depuis toujours. On les avait accueillis en live pour nos SOFFFA SMOOTH SESSIONS, puis suivis aux Nuits de Fourvière. Cette année, ils ont présenté leur combo blues, soul, funk à Montreux sur la Terrasse Nestlé. Écoutez les ici.
Marlin – Marlin, c’est notre pépite R&B de l’été. Elle nous vient de Suisse alémanique et on l’a découverte sur TikTok. Mélodies entêtantes, chansons feel-good, charisme naturel… Elle a toute notre attention. Écoutez son premier EP ici, les titres She Don’t Wanna et Strawberrry Lemonade sont parfaits pour l’été.
Nayana – De la pure néo-soul sur la Super Bock Stage. Nayana, c’est une voix de velours, un groove inné et une attitude de diva. Accompagnée par le Chic Astral, groupe emblématique de la scène lausannoise, Nayana nous dévoile un univers délicat. À découvrir ici.
Montreux, haut lieu des guitares qui rugissent et des cœurs qui battent
Entre rock britannique hargneux, blues américain habité et concerts off pleins de pépites gratuites, cette semaine a prouvé que Montreux sait faire trembler les murs sans jamais perdre son âme.
Ici, les riffs font office de langage universel, les artistes dialoguent avec le public comme on se parle entre vieux amis, et chaque scène devient un territoire d’émotions pures.
On a dansé, crié, transpiré. On a pris des baffes sonores, mais on est ressortis le cœur léger.
Et ce n’est pas fini.
Dernière partie de nos chroniques à venir : on retourne aux sources de Sounds So Beautiful car Montreux s’est transformé le temps d’une soirée en club de jazz londonien.
À suivre donc…
Crédits photos, Montreux Jazz Festival : Emilien Itim, Lionel Flusin, Marc Ducrest, Thea Moser, Alexia Linn, Louis Matthey, Alain Hugi
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