Nouvelle Perception De La Soul En France (SoulR Session/Interview)
Put Some Soul In It!
Hier soir fut la révélation du classement provisoire du Tremplin SoulR Session et la célébration en live des premières demi-finales !
Ces prestations live, qui se poursuivent ce soir mardi 9 mai dès 20h30 au Réservoir, permettent la mise en scène des compositions originales des candidats sélectionnés.
Ces œuvres originales sont appréciables au travers de la playlist ici présente et réécoutable sur Youtube.
Au fil de la playlist et de la découverte de tous ces talents, il est intéressant d’observer le paysage Soul à découvrir en France et d’en voir les différents reflets.
En effet, parmi les candidats, se dégagent une vraie sensibilité pour le RnB et un amour pour le old school. Le RnB et le style 90s l’emportent même plus, dans l’ensemble, que le style Jazz & Soul, ou encore que l’actuel style neo-soul.
On observe aussi le métissage entre la langue française et cette culture afro-américaine. L’association mêle l’amour de la musicalité, et de l’authenticité, avec la primauté au texte – honneur aux paroliers.
Si chanter en français n’était pas une exigence, nombreux sont ceux qui se lâchent en anglais pour se révéler conteurs d’histoire, tels de captivants songwrier-storyteller, comme Pablo Celada, l’un des candidats.
On retrouve ainsi des candidats, nostalgique des 90’s, qui laissent s’exprimer leurs influences du slam et du hip hop (Nirina Lune).
Les candidats comme Westyn ou Yannick Claire sont de belles illustrations des sensibilités RnB pointées plus tôt.
Si la vibe Jazz & Soul, se fait dans l’ensemble plus rare, certaines candidates se démarquent cependant comme Mickaelle Leslie.
On ne parlerait pas d’attachement à la Black Music et au Groove sans glisser un zeste de Funk. Gabh par exemple, inspiré des airs Motown, tire son épingle du jeu, avec son genre Pop/Funk.
Enfin, d’autres expriment une toute autre authenticité en s’accompagnant simplement d’une guitare accoustique et misant sur la sincérité de leur voix, aux résonnances Blues & Soul, Audrey Crapwood, pour n’en citer qu’une.
Les votes sont encore ouvert jusqu’au 20 mai : allez donc découvrir et soutenir votre artiste préféré !
Pour approfondir la question de la Soul en France, voici une interview avec l’un des musiciens partie prenante de l’organisation du Tremplin Soul R Session depuis la première édition : le bassiste So James.
INTERVIEW
SSB : Tu fais partie des R’Playz. Peux-tu nous dire de quoi il s’agit plus exactement ?
So James : Oui bien sûr ! les R’Plaiz sont un collectif de musiciens établi depuis 2014 pour ce tremplin. Nous sommes 4 musiciens, un clavier, un batteur, un guitariste et moi le bassiste, formation classique pour le groove.
Nous jouons pour les demi-finales et finales du tremplin. Comme on s’approprie un répertoire de compositions originales, cela nous a permis de rencontrer pas mal d’artistes.
SSB : Cette année c’est la 4e édition et tu es là depuis la génèse. Comment s’est alors fondé le tremplin ? Quelle était la vision de départ, l’objectif ?
So James : D’après les échanges avec Berny, le fondateur, la vision était de se différencier d’autres tremplins ou concours en se donner pour exigence d’exclure les reprises. Le but était de faire révéler au mieux les compositions de nouveaux artistes Soul.
La volonté est de défendre leur art, leur travail, et de le faire valoriser devant un jury professionnel, composé d’experts.
Enfin, il y a aussi un point d’honneur mis sur l’accompagnement des artistes gagnants, pour l’enregistrement, le réarrangement, les accompagnements scèniques…
SSB : Tu parles de jury professionnel… le jury comprend notamment Olivier Cachin n’est-ce pas ? [Jounaliste spécialiste de la culture Soul/Hip Hop. Il présentait notamment l’émission RAPLINE dans les années 1990)
So James : Oui très juste ! Olivier Cachin je le connais du magazine L’Affiche. C’est une bibliothèque à lui tout seul. La première fois que je l’ai rencontré, je lui ai exprimé mon admiration et mon respect. Il a beaucoup travaillé au service de la musique afro-américaine.
SSB : Comment a évolué votre tremplin, d’année en année ?
So James : Pour le point de vue de la production, d’après mon observation, de très bons liens ont été sauvegardés avec les organisateurs et les salles de concert (dont le Réservoir par exemple).
Ensuite, chaque année il y a cette exigence de jouer les compositions des candidats en peu de temps, et c’est une belle prouesse, et à chaque fois un beau succès. Le défi de jouer fidèlement leurs morceaux est à chaque fois remporté.
SSB : Comment gardez-vous les relations avec tous ces artistes ? Et puis, quelle rencontre t’a le plus marqué ?
So James : Eh bien, il y a cette artiste avec qui j’ai pris plaisir à faire une collaboration, Sève Joe Dazin. En discutant avec elle en répétition, on s’est trouvé une véritable affinité artistique. C’est aussi sa sensibilité et sa personne qui m’ont touché chez elle.
Elle enregistre en ce moment son album, et je participe au projet.
SSB : Ce tremplin permet de mettre en valeur la nouvelle génération de la Soul Française et il serait intéressant de savoir comment tu perçois la Soul en France. C’est une question qui a son importance. On en discutait la dernière fois avec Osmojam, que tu connais peut-être, et il est vrai que ces dernières années, les tendances ont pas mal évolué.
So James : Si je connais Osmojam ? Oui je la connais très bien, on a même déjà collaboré ensemble !
Je vais revenir sur ce que tu dis. En ce qui concerne la Soul, le public Français est resté très conservateur. Ce n’est que depuis quelques temps que la culture Soul s’est fait un nid dans le paysage français. On le voit dans l’évolution des compositions qui s’imprègnent de plus en plus de la culture Soul afro-américaine.
[Clin d’oeil aux artistes comme Freddy qui, tout en restant fidèle à la langue française, maîtrisent l’art de faire groover leurs parloles à la manière des Soul men anglophones]
On le doit aussi aux réseaux sociaux, et aux événements qui se multiplient et réunissent une communauté de personnes qui ont le goût pour le groove et la neo-soul.
Le public aime l’authenticité, les événements intimistes avec une chaleur parfois presque familiale. Ils vont chercher un événement qui leur ressemble, de même que l’on cherche à établir des liens et affinités avec les gens qui nous ressemblent ; quête de proximité.
[C’est ce qui s’observe dans certaines jams sessions/scènes ouvertes, notamment sur Lyon.]
Pour illustrer cette idée d’intimité, je me rappellerai toujours les débuts d’Erykah Badu, dans les années 1990 où elle commençait à peine, et le public découvrait son univers.
Ces mêmes communautés vont vouloir rechercher plus de finesse, plus d’exigence, plus de qualité, que ce soit sur le net, via les blogs ou les médias spécialisés, ou bien par le biais d’événements thématiques comme ces événements live.
Les habitudes de consommation évoluent. Avant, on fonctionnait sur le principe de la masse, aujourd’hui, de plus en plus, on fonctionne sur celui de la communauté ciblée.
C’est aussi pour cela que le Tremplin intègre le fait que chaque artiste rassemble et implique sa propre communauté.
De plus, au delà du caractère événementiel du live, tout l’environnement digital (web/média) prend aussi son ampleur.
Merci So James pour cet échange.
Ce n’est bien sûr pas exhaustif, mais on aura essayé de couvrir un maximum la question de la Soul en France et le rôle que joue un tel tremplin,
Pour offrir davantage de visibilité aux artistes qui travaillent dur pour leur art,
Pour les valoriser, et favoriser la cette culture musicale dans toutes ses dimensions.