Celeste présente un 2e album qui bouscule les codes sociaux

Celeste est une auteure, compositrice, et interprète britannique. Elle mêle Soul, Jazz et R&B dans un mélange envoûtant. En 2021, elle sort son premier album Not Your Muse, qui fait son entrée à la première place du UK Albums Chart.

Ce 14 novembre 2025, elle sort son second album Woman Of Faces et surprend le monde avec un projet audacieux.

Ce projet qui devait initialement sortir en 2022, a été retardé par des différends avec son label Polydor Records – dont elle se plaint de la même manière que Raye en 2021 – et une rupture douloureuse qui la plonge dans une dépression.

Suite à ces chamboulements, elle écrit sa peine et toute l’anxiété qu’elle subit. Dans l’album, elle remet en question les codes sociaux et la pression qui s’appliquent à chaque individu particulièrement aux femmes.

Celeste says her record label “have shown very little support towards the album that I have made” NME

Woman of Faces est profondément disruptif car il se détache des conventions sociales et musicales. L’album n’est pas pensé pour le mainstream ; son absence de rythmes entraînants, et d’accords majeurs, offrent une écoute moins accessible au grand public, dans une ambiance austère et glaciale confortée par un minimalisme instrumental. Elle conte les difficultés de sa vie comme un collage émotionnel.

Sa voix est de faite davantage mise en avant, et rayonne comme une lumière au bout de ce tunnel, qui guide l’auditeur.ice à travers ce voyage. Elle crée toute la cohérence dans ce collage d’émotions, avec son timbre si particulier et touchant.

Celeste dénonce l’objectification des femmes

Le titre de l’album Woman Of Faces, pose déjà la couleur des thèmes du projet, tous articulés autour de l’expérience du féminin.

 « un élément constitutif des rapports sociaux fondé sur des différences perçues entre les sexes » et doit être comprise comme « une façon première de signifier des rapports de pouvoir »  (source Carn). Elle l’évoque dans le titre éponyme : les différentes facettes ou façades qu’endossent les femmes pour faire bonne figure, et gommer les aspérités et personnalités.

« A funny thing to just be
To be a woman, she must face it
Pick a style in style and display it
Who really knows the woman of faces
«  – Woman of Faces

Elle tombe alors le masque et révèle toutes les craquelures et blessures qu’elle panse dans son album. Keep Smiling affiche sa résilience, On With The Show dénonce son objectification, étant mise en comparaison avec une poupée articulée.

“They put me back together,
two arms, one nose
and the dress that fits the weather,
perfumed me with a rose”
– On With The Show

Le morceau Sometimes pointe du doigt l’injonction de jouer selon les codes sociaux comme dans une pièce scriptée.

« Sometimes i get all the signs
Sometimes i forget my lines » – Sometimes

Celeste interroge ce besoin de performer et le manque d’authenticité.

La pression sociale : une réalité qui touche particulièrement les femmes

Le cas de Celeste n’est malheureusement pas un cas isolé. Les femmes sont soumises à des attentes multiples : réussite professionnelle, responsabilités familiales, apparence physique, comportement.

Selon l’INSEE en 2010, les femmes s’occupent de 64% des charges domestiques et 71% des tâches parentales au sein du foyer. Une enquête de l’Ipsos ajoute que ces tâches pèsent sur la santé mentale de 8 femmes sur 10 et une enquête de l’OMS réalisée en 2020 que la dépression touche 2 fois plus les femmes que les hommes.

Ainsi, cette pression sociale a un impact réel et mesurable qui met en lumière des inégalités mais surtout une normalisation des attentes sociales inatteignables.

Celeste et les réseaux sociaux : l’absurdité de la course à la perfection 

Cette réflexion atteint son paroxysme avec Could Be Machines. La technologie nous transforme en machines, nous avons l’injonction d’être présents numériquement, d’être connectés comme une preuve de réussite sociale.

Nous devons être parfaits en tout temps et points alors même que c’est impossible, nous ne sommes pas des machines, nous ressentons des émotions. Nous vivons la vie indirectement à travers cette technologie qui reflète un mode de vie idéalisé irréaliste. Cette utilisation des réseaux sociaux à des réelles conséquences, même si cette utilisation peut présenter des avantages, nombreux en expérimente les aspects néfastes.

Ces réseaux sont largement utilisés comme le montre par exemple le rapport annuel de Diplomeo en collaboration avec BDM avec 75,7% des français présents sur les réseaux sociaux. On a donc un écosystème bien fourni qui propose une vitrine accessible instantanément. On se compare sur la popularité, l’argent, et bien sûr, le physique avec des conséquences désastreuses sur la santé mentale, notamment des jeunes.

D’après un sondage de OnePoll réalisé en 2022, 34% des sondés estiment qu’ils se sentent plus en confiance en jouant un rôle sur les réseaux sociaux. On apprend que ce qui motive cette décision sont le manque de confiance selon 55% d’entre eux, la peur du jugement des autres à 42%, et finalement la pression sociale à 34%. Finalement une personne sur 5 au cours du sondage affirme qu’elle ne montrerait pas son vrai visage avant la quarantaine.

La pression sociale ainsi nous éloigne de qui nous sommes par le manque de confiance en soi et la peur du jugement. Ainsi nous ne vivons pas apaisés mais dans le contrôle constant de son image.

Seule solution pour Celeste : affronter la peur, en toute résilience

La force du projet, c’est la capacité de Celeste de se montrer résiliente face à ce constat, elle dénonce certes les contradictions des attentes sociales qui ne sont pas en résonance avec l’expérience humaine, mais se reconstruit pour vivre en paix avec son humanité. Dans Time Will Tell, elle accepte alors qu’on ne peut pas tout contrôler, elle accepte de ne plus lutter inlassablement contre la douleur mais de la laisser exister.

L’album se conclut avec This Is Who I Am, qui marque cette résilience et l’acceptation finale de sa situation. Le titre est répété comme une déclaration libératrice de son identité.

« No lies, no less »

Elle se délaisse des façades imposées et laisse place à cette identité. Elle clôt le spectacle, comme une invitation pour nous de faire de même. Si le résultat de ces façades pour nous est uniquement de se perdre de se rapprocher de la machine, ne faudrait-il pas simplement arrêter ?

Plus qu’une dénonciation sociale, une vraie expérience auditive

De nombreuses personnes sont affectées de la même manière que Celeste par la pression sociale. L’album peut donc parler à tout le monde, Celeste parle d’un sentiment universel. Beaucoup sont perdus, cet album propose donc de ressentir sa peine, pour mieux se comprendre et ainsi avancer plus sereinement dans l’existence.


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